mercredi 24 avril 2013

Nous avons lu ...

Nos coups de coeur du 13 mars avec un peu de retard mais comme le dit l'adage "Vieux motard que jamais..." vous aurez traduit !


Fr. Léo fidèle à ses amours russes, nous a présenté un livre de Gaito Gazdanov qui sort en France ce mois-ci Le spectre d'Alexandre Wolf" de Gaïto Gazdanov  
(alias Alfredo Gaito)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ga%C3%AFto_Gazdanov 


Un Russe, émigré à Paris, décide de révéler le lourd secret qui assombrit son existence depuis tant d'années. Lorsqu'il était à peine âgé de 16 ans, la guerre civile faisait rage. Au service des blancs, partisans de la Russie impériale, contre les révolutionnaires bolchéviques, il tua un homme. Ce souvenir, pourtant si banal en temps de conflit, ne l'abandonnera plus, et le hantera même. Un beau jour, il lit dans une nouvelle cet épisode raconté, au détail près, du point de vue du mort supposé ! Le « spectre » ne cessera dès lors de ressurgir au travers de rencontres dans le Paris nocturne et interlope qu'il arpente. Serait-il toujours vivant ?



C'est lors de sa parution en Allemagne après une soixantaine d'années, l'an dernier, que mon attention s'est portée sur ce livre qui, bizarrement, va connaître pareillement une nouvelle traduction et édition en Avril de l'année courante chez Viviane Hamy. Ce qu'on pouvait en entendre et en lire m'attirait, et... : à juste titre !

On pourrait certes résumer ce livre à partir de son action, avec une perspective chronologique en partant de la guerre civile dans le Sud de la Russie et l'événement central qui va être raconté déjà dans les premiers pages, jusqu'au lieu essentiel du roman, le Paris du milieu des années 30. C'est là qu'après un passage infructueux à Londres et chez l'éditeur, le narrateur rencontre une femme russe exilée et tombe amoureux d'elle. Non seulement il va connaître des gens qui ont été proches de cet Alexandre Wolf, mais finalement il va aussi le rencontrer en personne.

Ce fil de narration est en soi riche et digne d'être lu. C'est assez original. D'accord. Mais finalement il me semble certain que ce roman ne veut pas juste nous raconter une suite d'actions, mais il s'agit de nous faire voir cette vie intérieure, les souffrances d'une vie qui est persuadée d'avoir commis « un meurtre », même si cela avait été dans des conditions de guerre et à peine condamnable devant un tribunal séculier. L'événement hante le narrateur, il ne peut pas s'en défaire. Jamais il n'a pu se remettre des implications et des questionnements intérieurs : comme si sa vie avait été empoisonnée. Et dans la description minutieuse du vécu intérieur il est très vrai que l'auteur pourrait rappeler la finesse psychologique d'un Dostoïevski.

Et puis, ne découvre-t-il pas par l'éditeur et puis par l'ami de Wolf (Wossnessenski) que Wolf a connu, connaît un pareil empoisonnement de sa vie ? Ceci mène vers des considérations sur les parallèles entre ces deux vies, leurs ambiguïtés, voir la vie en double-face. Derrière les actions je vois avant tout l'auto-analyse constante (et celle des autres) du narrateur. Les idées énoncées sont fortes, très impressionnantes !

Quand commence une histoire d'amour avec Hélène, la russe mystérieuse, nous pourrons penser dans un premier temps et lui le premier, à un changement de sujet, à une guérison de l'âme. Il connaîtra avec l'amour une ancre qui dévie son attention qui fut tellement liée à l'événement central. Un nouvel avenir ? le sens d'un amour ?

Ne trouve-t-on pas un des sujets centraux du livre, la futilité de tout, l'apparente absurdité, la mort comme instance finale ?

Même s'il y a une dizaine de chapitres (dans mon édition allemande), séparés par quelques points, il s'agit néanmoins dans mon esprit d'un texte coulant d'un bout à un autre. Ceci ne signifie pas absence de rupture ! On pourrait probablement parler d'environ quatre sujets assez différents, mais ceux-ci commencent des fois au détour d'une phrase, sans annonce particuliere !

Aussi nous trouvons des constructions de phrases assez tordues : des fois j'étais convaincu à la première lecture qu'il y avait là une faute de la traductrice ou de la lecture de correction. Mais non : à la deuxième lecture on voit le sens, on fait comme une respiration et on continue. Dans cette nouvelle traduction allemande la langue m'a vraiment plu énormément : cela laisse deviner un original russe très... original. C'est à espérer et à croire que Viviane Hamy a pris  la peine d'une bonne traduction. Je savais que Gazdanov a travaillé à plusieurs reprises sous des pseudonymes. Mais je ne comprends pas pour l'instant pourquoi Viviane Hamy s'est décidée pour celui de Alfredo Gaito... ?!

Quelle bonne découverte d'un auteur et d'une œuvre dont je n'avais pas entendu parler jusqu'à récemment. J'ai l'intention de continuer cette piste !

Invitations à humer et à se délecter !
LW

Puis "Badenheim 1939d'Aharon Appelfeld qui traite de la Shoah
http://livre.fnac.com/a2008163/Aharon-Appelfeld-Badenheim-1939


Badenheim 1939À Badenheim, le printemps est un moment de transition : les ombres de la forêt battent en retraite, la lumière se répand d’une place à l’autre et les rues s’animent en prévision de la saison estivale. Mais en cette année 1939, tandis que les premiers vacanciers déposent leurs bagages à l’hôtel, que Papenheim et son orchestre arrivent pour le festival de musique, que Sally et Gertie, les prostituées locales, flânent dans l’avenue, deux inspecteurs du service sanitaire passent devant la pâtisserie couverte de fleurs.
Ainsi commence ce récit d’une sinistre métamorphose : celle d’une station thermale fréquentée par la bourgeoisie juive en antichambre de la « délocalisation » vers la Pologne.
FNAC



Un autre russe que nous affectionnons particulièrement avec Fr. Léo : Andreï Makine.

Portrait de Andreï Makine

 
J'ai lu La musique d'une vie


Le narrateur en route pour Moscou, est bloqué pour une nuit ou plus... dans une gare de Sibérie à cause d'une tempête de neige. En cherchant à s'extraire de la salle d'attente où s'entassent pêle-mêle tous les voyageurs, il est attiré au bout du quai par la musique d'un piano. C'est ainsi qu'il fait la connaissance d'un vieil homme qui lui raconte sa dramatique histoire. Jeune homme il rêvait d'être pianiste mais le destin en a décidé autrement. Il ne pourra jamais donner son premier concert pourtant à l'affiche... Ce jour là sa vie prendra un tout autre chemin.

On est bluffé dès les premiers chapitres par la fluidité et la précision de l'écriture puis par la description du peuple russe résumée par l'expression qu'Andreï Makine reprend d'un de ses contemporains "l'homo soviéticus".
Qu'est-ce qu'il écrit bien cet homme ! Il a choisi notre langue par amour comme il dit avec ce charmant roulement slave des "r" et il parle un français irréprochable.  Lors de la rencontre organisée par Les Cahiers Lamartine à Cluny pour son dernier roman Une femme aimée qui retrace la vie de la Grande Catherine de Russie il a fait l'éloge de son héroïne car cette femme autant décriée qu'admirée pour sa puissance a une réputation de nymphomane en raison de ses nombreuses liaisons.
PH

Avec Raymonde nous avons lu  Pour seul cortège de Laurent Gaudé

 
Dans un village de montagne corse, le bar est le lieu de rencontres et de discussions.
Deux amis, originaires du village, Mathieu Antonetti et Libero Pintus quittent leurs études sur le continent pour reprendre la gérance du bar et le transformer "en meilleur des mondes possibles"...
A travers la vie de vieilles familles du village, l'histoire progresse avec intensité parallèlement au sermon sur la chute de Rome par lequel Saint Augustin tente de consoler les fidèles de la fragilité du monde terrestre.

Par une écriture fluide, riche en vocabulaire, l'auteur met en évidence notre propension à détruire nos plus belles réalisations comme si les hommes étaient condamnés à voir s'effondrer les mondes qu'ils édifient.
R.F


Si comme moi vous aimez vous embarquer dans des contrées inconnues et de préférence dans des histoires insolites, mystérieuses, envoûtantes, vous adorerez ! personnes cartésiennes s'abstenir...
J'ai aimé le côté surréaliste de ce récit où le rêve se mêle à la réalité. Laurent Gaudé, pour l'avoir entendu en interview, n'a pas voulu traité l'aspect historique d'Alexandre car cela a déjà été fait maintes fois, mais l'homme dans toute sa dimension.
Claire a trouvé long le passage concernant le cheminement du cortège portant la dépouille d'Alexandre alors que j'ai été séduite par la mélopée des pleureuses et ce qui se dégage de ce cheminement, très lent il est vrai, comme un cortège funéraire.
PH






Ferdinand se retrouve seul dans sa grande maison après le départ de son fils qui reprend un restaurant en ville.Un jour une tempête menace de faire tomber le toit de la maison de sa voisine. Ses petits fils lui suggère de l'héberger et de fil en aiguille il recueille Guy qui vient de perdre sa femme, Simone et Hortense qui doivent quitter leur maison mise en vente...
RF
Barbara Constantine
Barbara Constantine




Kiki a beaucoup apprécié Les heures silencieuses de Gaëlle Josse et fait un parallèle avec "La jeune fille à la perle" pour son ambiance ; on imagine les peintres flamands du XVIIè, le clair-obscur qui révèle si bien la lumière diffuse des scènes.


 
Journal intime de Magdalena, épouse de Pieter van Beyeren, administrateur de la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales. Issue d'une famille de riches armateurs, la jeune femme évoque sa déception de n'avoir pu succéder à son père, sa rencontre avec son mari, les failles de son existence et surtout un souvenir qui l'oppresse : le meurtre dont elle a été le témoin, enfant. Premier roman. 
FNAC


Claire nous a présenté un livre jubilatoire à avoir à la bibliothèque et c'est chose faite :

 
Grands romans - Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire
Jonas Jonasson Voir tout son univers, Caroline Berg (Traduction)
 Le jour de son centième anniversaire Allan enjambe la fenêtre de sa chambre à la maison de retraite et se retrouve à la gare pour prendre un car. Là, un jeune homme lui demande de garder sa valise pendant qu'il se rend aux toilettes. Allan accepte sans savoir que ce sera le début d'une aventure incroyable car son bus arrive et il part avec le bagage de celui qui le lui a confié.
PH

Soyez curieux, cliquez sur ce lien http://youtu.be/miisZX3L-4E
Portrait de Jonas Jonasson
 Jonas Jonasson est journaliste. Né en Suède en 1962, il y vit aujourd'hui avec son fils. Son premier roman, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, paru en France en 2011, est un best-seller international et va être adapté au cinéma. 

Claire a lu également Cuisine tatare et descendance, décidément nous sommes très russes ...

Avec virtuosité et panache, Rosalinda nous fait partager sa façon d’affronter la misère matérielle et spirituelle de son pays – l’URSS des années 1980, marqué par les pénuries et la corruption.
Lorsque sa fille Sulfia tombe enceinte mais ignore de qui, Rosalinda remue ciel et terre pour empêcher l’arrivée d’une nouvelle bouche à nourrir. En vain. Une petite fille est née. Contre toute attente, Rosalinda se transforme en grand-mère fervente et donne aussitôt à la petite le nom de son aïeule tatare, Aminat.
Rien ne résiste à la jeune grand-mère désireuse d’améliorer le sort des siens. De ruse en subterfuge, elle fait subir d’insolites épreuves à sa petite famille – qu’à cela ne tienne, elle ne veut que leur bien ! Jusqu’au jour où Aminat grandit et cesse d’être dupe.
Cuisine tatare et descendance est une chronique tumultueuse de plusieurs décennies en compagnie de trois femmes inoubliables. Alina Bronsky, elle-même d’origine russe, donne la parole à des héroïnes de l’ombre et nous invite, en passant, dans les coulisses des destins qui mènent à l’émigration.
ACTES SUD

Alina BRONSKY

Née en 1978 à Swerdlowsk, Alina Bronsky a grandi du côté asiatique de l’Oural. Elle est à présent journaliste et vit à Francfort-sur-le-Main. Après Scherbenpark (Kiepenheuer & Witsch, 2008, inédit en français), Cuisine tatare et descendance est son deuxième roman. Ses deux livres ont été sur la liste du Deutschen Buchpreis et traduits dans plusieurs langues.
ACTES SUD
 
Martine a aimé Les trois saisons de la rage de Victor-Cohen Hadria pour la très bonne restitution de la vie d'un médecin de campagne et de l'évolution de la médecine n ce XIX ème siècle.
 Prix du Premier roman français 2010, prix des Libraires 2011



Prix Historia du roman historique 2011  "Nous sommes tous dominés par notre sexe. Pourtant, nous autres médecins, devrions être indemnes de cette gourmandise insatiable que nous constatons si bi... » Lire la suite...
FNAC

 

Portrait de Victor Cohen Hadria

Et aussi :


Dans l'ombre de la lumière

Claude PUJADE-RENAUD

Dans la vie de saint Augustin se tient une ombre, une femme, nommée Elissa dans le roman, qui partagea sa foi manichéenne, fut sa concubine, lui donna un fils, vécut avec lui à Carthage, Thagaste, puis en Italie où le jeune rhéteur la congédia de son existence…
Quand Elissa prend la parole, aux premières pages de ce livre, presque douze ans ont passé depuis sa “répudiation”. Revenue vivre à Carthage, elle s’est liée d’amitié avec un couple dont le mari, Silvanus, a pour métier de consigner sur des parchemins les discours d’avocats, rhéteurs ou prédicateurs. C’est par lui qu’elle apprend le passage prochain à Carthage d’Augustinus, désormais évêque d’Hippone…
Roman tout en miroitements, par lequel une vie scintille dans une autre, ce livre aux accents d’anti-confessions passe au crible de celle qui sait les débuts puis la carrière du saint homme. La mémoire d’Elissa est tenace, en elle la fidélité l’emporte sur la désillusion. Et l’auteur excelle à revisiter les textes augustiniens, interpréter les silences, traquer les demi-aveux, pressentir les non-dits, déchiffrer l’insidieuse pesée du lien maternel, restituer l’intime, effleurer la peau des souvenirs…
Avec ce portrait en creux d’un “cher disparu”, Claude Pujade-Renaud réplique à l’histoire officielle, témoigne pour le témoin qu’est Elissa, et poursuit sa réflexion – constante dans toute son oeuvre – sur les coulisses des pouvoirs… temporel et spirituel.

«Elle a vécu une quinzaine d’années avec celui qui deviendra saint Augustin. On ne connaît pas son nom. On ne sait pas ce qu’elle est devenue après avoir été répudiée par l’homme aimé. Et qui l’aimait. Certains biographes de saint Augustin suggèrent que, peut-être, elle serait entrée dans une communauté de femmes chrétiennes. Fait sur lequel on ne détient aucune trace historique.
Cette “fin édifiante” ne me plaisait pas. D’où le désir d’imaginer pour cette femme un tout autre itinéraire, dans cette ville de Carthage où l’homme aimé, devenu un évêque célèbre, vient parfois prêcher. Sur le couple. Sur la grâce et le péché. Sur l’effondrement de Rome. Elissa demeure discrètement dans l’ombre et le silence, mais aspire à la lumière, fidèle au manichéisme partagé autrefois avec Augustinus (j’ai préféré conserver le nom latin, plus chantant). Et c’est seulement après avoir achevé ce roman que j’ai compris combien certains traits de ma mère avaient nourri le personnage féminin de ce roman.
Le hasard m’a fait naître en Tunisie. Sans doute ai-je eu le désir, sur le tard, d’inventer une histoire se déroulant dans cette contrée qui, à l’époque de saint Augustin, était une province romaine où s’affrontaient, tumultueusement, païens, manichéens, juifs, chrétiens. Seize siècles plus tard, les dieux et les hommes ont certes changé mais les conflits persistent, tumultueux.»
Claude Pujade-Renaud
ACTES SUD 



Enfin  Antoine nous parle de L'oubli que nous serons d'Hector Abad

L'oubli que nous serons
[El olvido que seremos]
Trad. de l'espagnol (Colombie) par Albert Bensoussan
Préface de Mario Vargas Llosa
Collection Du monde entier, Gallimard
Parution : 28-10-2010














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